jeudi, septembre 27, 2007

Une réponse, tout de suite, ou je meurs ! (on a la voyance qu’on mérite)

Il faut que je sache, tout de suite, parce que je me sens mal, que je pleure tout(e) seul(e) devant mon écran, parce qu'il est parti, parce que j'attend les huissiers, parce que j'ai rendez-vous à l'ANPE…

La voyance n'a pas échappé à l'évolution des modes de consommation. Depuis le minitel et ses 3615 capables de faire monter la note de téléphone à près de 2000 euros en un mois, il y a déjà plus de vingt ans, les consultants se sont habitués à pouvoir trouver une réponse instantanée à leurs angoisses, que ce soit sous la forme de tirages automatiques ou en bavardant, à prix d'or, avec un(e) voyant(e) qui n'est peut-être que l'animatrice du site.

Alors qu'il est possible d'avoir, à un prix raisonnable, un rendez-vous avec une personne dont on connaît la compétence, en face à face réel ou virtuel, rendez-vous qui ne sera pas dans l'instantanéité de la crise d'angoisse, mais avec un minimum de recul par rapport à elle, donc plus constructif et plus fructueux, c'est toujours l'audiotel qui draine l'essentiel du chiffre d'affaire de la voyance.

Parce qu'au fond, ce n'est pas savoir qui importe. C'est pouvoir parler de soi et entendre ce qu'on veut entendre, au moment où on en a besoin. La voyance, c'est le marché de l'espoir…

Une société de plus en plus infantilisée génère ce genre de phénomène, que l'on peut comparer au cri de l'enfant qui a peur dans le noir. Maman, j'ai fait un cauchemar. Oui mon chéri c'est fini je suis là, non il n'y a pas de vilains monstres dans le placard, rendors-toi tout va bien se passer maintenant…

samedi, septembre 22, 2007

Un métier… d'avenir!

Elles sont hôtesses d'accueil, caissières, employées à la sécu… Elles ont sauté le pas, après avoir consulté moult voyantes et cartomanciennes, et acheté leur premier tarot ou oracle. Elles se sont lancées, un jour, sur un forum, et ont eu du succès. Elles ont créé leur site, leur forum, leur blog et…

Aujourd'hui elles sont à leur tout cartomancienne, médium, voyante, ou proposent des initiations au reiki. C'était gratuit, un hobby parmi d'autres, ce qui n'empêchait pas le talent. Il existe des sportifs et des artistes amateurs qui valent bien un professionnel moyen. Mais elles y ont vu un moyen de sortir de leurs fins de mois difficiles, de ne plus avoir à subir les humiliations d'un travail subi et de peu d'intérêt.

Elles… des femmes en majorité oui. Comme au Moyen-Âge lorsque la chasse aux sorcières faisait rage. Entrer dans une autre dimension est souvent le seul refuge de l'opprimé. Notre société n'est pas si éloignée de la caricature que l'on fait de cette époque, par certains côtés. Mais là n'est pas le sujet de ce blog.

La voyance, pour un avenir plus rose? Elles y croient. Les plus prudentes exercent leur nouvelle activité sans pour autant lâcher leur gagne-pain quotidien. D'autres prennent le risque de sauter le pas. Les premiers mois sont souvent décevants. Toutes ces personnes qui encensaient leur voyante gratuite et revenaient lui poser des questions disparaissent subitement dès qu'il faut débourser le moindre euro, pour se tourner vers une ou plusieurs autres, il y en a tellement qui rendent ce service gratuitement.

Pourtant ces mêmes consultantes dépensent des fortunes auprès des stars de la divination ou sur l'audiotel où rien ne leur garantit d'avoir une vraie voyante au téléphone.

Cet audiotel qui a trouvé le filon, comme d'autres, pour rémunérer ses "employés" – lesquels doivent bien évidemment avoir un statut indépendant ou travailler en portage salarial, c'est à dire payer toutes les charges – moins que le smic… Seule solution, faire attendre, de manière à doubler le tarif horaire et arriver ainsi à gagner ce fameux salaire minimum horaire, charges déduites. C'est pourtant là que se retrouveront les alouettes attirées par le miroir des arts divinatoires…

Un métier d'avenir oui. Pour qui ?