mardi, janvier 24, 2006

Paranoïa et occulte

Dès que l’on aborde les questions occultes, on se retrouve à avoir l’impression de se battre contre des énergies obscures, des entités, des égrégores… ou plus simplement des « sorts » jetés par un quelconque malveillant. Mais il faut faire très attention à ne pas sombrer dans la paranoïa.

En effet, le plus souvent, ces forces obscures ne sont pas à l’extérieur, mais à l’intérieur de nous. Parfois aussi, c’est une manière de se donner de l’importance ou de s’inventer une vie moins banale, ou simplement d’attribuer une identité à ce que l’on pressent avoir besoin de combattre pour se remettre à avancer : « J’existe puisque les forces du mal s’attaquent à moi », « je lutterai contre ce mauvais sort et je réussirai à m’en sortir », etc. Penser qu’on a été « envoûté » ou victime d’un mauvais sort aide à comprendre l’injustice apparente des événements de notre existence.

Or il arrive – très rarement – que ce soit le cas. Mais en général nous sommes nos premiers envoûteurs. Faites croire à quelqu’un avec conviction qu’on lui a jeté un sort (technique utilisée par trop de professionnels peu scrupuleux) et celui-ci commencera à s’angoisser suffisamment pour se créer des maladies psychosomatiques, réagir à l’inverse de ses intérêts, ce qui lui fera croire encore plus en sa malchance, s’enfermer et couper le contact avec son entourage pour mieux nourrir sa paranoïa, et présenter in fine tous les symptômes d’un envoûtement qui n’a pourtant jamais existé.

Le goût pour l’ésotérisme va souvent de pair avec un certain isolement social – il est difficile de parler de ces sujets en société – et une tendance à s’évader dans ce que beaucoup nomment « irréalité ». Beaucoup de nouveaux adeptes de l’occultisme sont dans la « pensée magique », la volonté de croire au miracle qui résoudra d’un coup de baguette toutes leurs difficultés de vivre. Qui d’entre nous n’a pas été tenté de se raccrocher à cette pensée magique, ne serait-ce qu’en imaginant qu’il va gagner au loto ?

Pourtant la réalité, le monde ordinaire, restent les meilleurs terrains d’expérience pour progresser, même dans les domaines ésotériques. S’intéresser à ceux-ci peut être une aide, notamment dans la connaissance de soi, mais peut aussi être un prétexte pour fuir la réalité et, ce faisant, atterrir dans un monde irréel qui ne fera qu’aggraver à terme les problèmes. Qui se croit victime d’un maléfice qui l’entraîne vers la ruine la connaîtra encore plus rapidement en s’adressant à de pseudo-marabouts ou sorciers pour obtenir une protection ou en courant de voyante en voyant.